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Vorace

Je te propose un huis clos.
Mieux, je te propose l'ultime intimité : celle de dévorer mon sexe, mais depuis l'intérieur.
Je ne m'effeuillerai pas, non.
Je te donnerai à voir ce qui est caché.
Je me dépècerai, car la vérité est toujours à vif.

Passe par ma bouche.
Ne me brusque pas, pas encore.
Introduis-toi avec douceur.
Chéris ma chair, chéris mes dents.
Touche et apprécie la beauté de ma langue, et sa délicatesse.
Sais-tu seulement ce qu'il s'est dit ici ?
Peux-tu imaginer que je me sois pourfendue, avec cette langue ; qu'il y eut pu avoir des instances où j'aurais voulu me la couper ?
Cette langue ; une appendice.
Vois comme elle se frotte contre mes molaires.
Veux-tu bien poser tes pieds dans leurs crevasses : le goût de tes semelles m'écœure.

Déchausse-toi. Trempe tes pieds dans ma salive. Là, ne trouves-tu pas qu'elle est froide ?
Ce jus, cette sève que j'offre sans détours : si vivante mais si hostile.
Tu ne devrais pas être ici, tu sais.
Je n'ai pas été faite pour toi !
Je n'ai pas été faite pour recevoir.
Je n'ai pas été faite pour m'ouvrir.
Je n'ai pas été faite...
Je ne sais pas pourquoi j'ai été faite.

Tu frissonnes.
Est-ce ma grandeur qui te terrorise ?
Ou les mots que je prononce ?
Les comprends-tu seulement ?
Comprends-tu que ce je dis ne sera jamais aussi violent que ce que je pense ?

Ne crains rien de ce qui est dans ma bouche.
Je suis inoffensive quand je parle.
Mais si tu m'avais pénétrée par mon front trépané ou mon œil énuclée...Tu serais mort.e sur le coup.

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